Schumann : Liederkreis, 12 lieder pour voix et piano, Op. 3

Robert Schumann a écrit ce cycle de lieder en 1840, la soi-disant « année du lied », marquée par une production créative exceptionnelle. Fondés sur des poèmes de Joseph von Eichendorff, ces lieder sont inhabituels du fait qu’il n’y a pas vraiment de rapport entre eux. On n’y retrouve pas un seul protagoniste, comme dans Frauenliebe und leben, et on ne sent pas non plus l’intention de faire une narration continue, comme avec Dichterliebe. Le seul fil conducteur serait l’évocation de la nature, de même que l’expression d’un grand éventail d’émotions humaines, deux aspects que Schumann maîtrisait sans contredit. Certains ont aussi avancé que le thème central unissant les lieder est la liaison amoureuse turbulente que Schumann a entretenu avec Clara Wieck (Schumann) pendant quatre ans, puisque certains lieder rappellent des événements de la vie du compositeur. Schumann y fait allusion avec le « thème de Clara », une série de notes musicales qui épellent le nom de Clara, dans Intermezzo, le deuxième lied du cycle.

La vaste gamme d’émotions qui se retrouve dans le cycle présente un défi de taille pour l’interprète. Chaque lied est presque un mini-opéra, et la chanteuse doit changer d’humeur très rapidement et de façon convaincante. Il s’agit de l’un des cycles de Schumann les plus interprétés et les plus enregistrés. Lorsqu’on témoigne de l’atmosphère sublime de ‘Mondnacht’ ou du débordement extatique de ‘Fruhlingsnacht’, on comprend très bien pourquoi ce cycle a résisté à l’épreuve du temps. Ici Maureen Forrester est accompagnée par John Newmark sur un enregistrement RCA datant de 1982. Newmark était probablement le pianiste le plus important dans la carrière de la chanteuse; les deux ont collaboré à de nombreuses reprises au cours de plusieurs décennies.  

Joseph K. So