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Wilfrid Pelletier – La Traviata -  1940   Player Player

Biographie par Cécile Huot

Wilfrid Pelletier« Mon entrée au Metropolitan Opera ouvre la période la plus importante de ma carrière, en durée et en réalisations. J’y arrivai à peine âgé de vingt et un ans et en sortis en pleine maturité, trente-trois ans après. J’aidai des artistes à se perfectionner en même temps que je reçus un stimulant et un apport inestimable pour ma propre formation, au contact de leur personnalité, de leur culture, des valeurs humaines…»
Wilfrid Pelletier. Une symphonie inachevée , mémoires.

Wilfrid Pelletier (1896-1982) est né à Montréal dans une famille de musiciens amateurs; tous jouent d’un instrument ou chantent. Très jeune, il manifeste un talent pour le piano. À peine adolescent, un ami le propose comme accompagnateur à l’Opéra de Montréal de l’époque. Voilà donc qui préfigure la brillante carrière que Pelletier connaîtra au Metropolitan Opera de New York, de 1917 à 1950, et comme artiste invité ailleurs.
Il gagne sa vie au Met et devient un vrai new-yorkais. Durant ces trente trois années productives, il a travaillé avec les monstres sacrés de la célèbre maison : Caruso, Gigli, Farrar, Peerce, Grace Moore, etc. Son rôle s’oriente ensuite vers la direction d’orchestre au Metropolitan et en tournée sous la houlette de son mentor et ami Arturo Toscanini –un des plus grands chef d’orchestre des temps modernes. Ils demeureront amis jusqu’à la mort de Toscanini en 1957. Il conçoit et dirige la série ‘Metropolitan Opera Auditions of the Air’, une compétition radiophonique dont le but est de découvrir de jeunes chanteurs de talent. Il est apprécié de ses pairs pour sa profonde connaissance du répertoire français et italien.  

À la même époque, le milieu la musique classique montréalais évolue rapidement et franchit un pas décisif avec la création d’un orchestre professionnel permanent : La Société des Concerts symphoniques de Montréal, qui deviendra plus tard l’Orchestre Symphonique de Montréal. Le statut des musiciens est enfin reconnu dans une charte spécifiant leurs obligations et leurs droits : obligation de se présenter aux répétitions et cachets assurés. Nous sommes en 1934.  L’année suivante, Pelletier crée et anime les Matinées symphoniques pour la jeunesse au grand bonheur du public montréalais. Il invite des « nouveaux talents » à se produire lors de ces concerts.

Maître Pelletier est aussi un grand pédagogue. C’est en fait ce don exceptionnel qui lui permet d’acquérir un statut particulier au Canada. Les Matinées symphoniques ont un double objectif : consolider la permanence et la vitalité d’un orchestre symphonique à Montréal et promouvoir la création d’un conservatoire financé par l’État. Pelletier collabore avec Athanase David qui permet de faire voter en 1942 la « loi du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec. » En 1943, un second conservatoire voit le jour à Québec sous la direction de M. Omer Létourneau. Par la suite,  sept autres conservatoires seront établis en région. Enseigner, former est un objectif central dans la vie du maestro. Entre son travail au Met et ses activités au Québec, il se fait un devoir d’inviter les artistes solistes de chaque discipline à venir donner des « master classes » aux professeurs du nouveau réseau de conservatoires. En 1951, Pelletier accepte le poste de directeur artistique de l’Orchestre Symphonique de Québec, association qu’il maintiendra avec l’institution pendant 15 ans. 
Pelletier est aussi un musicien curieux et novateur; il dirige les créations canadiennes de Pelléas et Mélisande de Debussy (1940), L’Enfant et les sortilèges de Ravel (1950) et Jeanne d’Arc au bûcher de Honegger (1953).
Wilfrid Pelletier a acquis une renommée internationale et fut invité à diriger les grands orchestres d’opéra au États-Unis, au Canada, En Europe et en Amérique du Sud. Il a reçu de nombreux prix et distinctions au Canada et à l’étranger. Il est inévitable qu’une figure aussi dominante par ses qualités humaines et par ses réalisations artistiques soit immortalisé par la légende. Il ne faut pas cependant oublier que d’autres artistes et administrateurs infatigables ont travaillé avec lui à donner une place enviable à la musique classique professionnelle au Québec et au Canada. Il a prêté volontiers son nom, sa réputation et donné des années de travail à l’accomplissement de cette noble mission. 
Cécile Huot
 * Sœur Cécile Huot a connu maître Pelletier au début des années 1960 et elle a fait partie de son cercle d’amis. En 1968, Sœur Huot accède à sa demande et l’aider à rédiger ses mémoires. La biographie paraît en 1973.

 

Wilfrid Pelletier a travaillé avec les plus grandes voix du Québec, notamment Raoul Jobin et Richard Verreau. Les deux extraits choisis illustrent les talents de chef d’orchestre et de pianiste accompagnateur du maestro. Il avait acquis une enviable réputation d’accompagnateur et de répétiteur; on le demandait expressément. Gagnante du concours des auditions au Met la soprano Eleanor Steber (1916-1990) brille ici dans cet extrait de La Traviata. Pelletier dit d’elle : « Artiste très douée, Steber devint une interprète applaudie par les spécialistes et les amateurs de Strauss, de Mozart et de Verdi à l’époque.. » 
Jean-Pierre Sévigny

 

Excerpt : “Ah, fors' è lui…”  &  “Sempre libera” Act 1                                    
La Traviata  – G. Verdi            
Eleanor Steber (Violetta), Armand Tokatyan (Alfredo), Leonard Warren (Germont), Lorenzo Alvary (D’Obigny)                   
Wilfrid Pelletier (conductor)

Eleanor Steber Eleanor Steber

http://www.cantabile-subito.de/Sopranos/Steber__Eleanor/hauptteil_steber__eleanor.html

Richard Verreau Richard Verreau

Le ténor québécois Richard Verreau (1926-2005)  a étudié avec Raoul Jobin et Gigli. Il a enregistré quelques grands airs d’opéra avec Wilfrid Pelletier et l’Orchestre symphonique de Turin (1960). M. Verreau avait en sa possession une vieille bande sonore d’une audition qu’il avait donnée à New York en 1954 devant nul autre qu’Arturo Toscanini. Il confia cet enregistrement inédit à son ami Nicolas Desjardins du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec. C’est le Conservatoire qui s’est chargé de la restauration sonore de ce récital oublié. L’enregistrement, comprenant trois airs (deux Verdi et le Flotow), parut avec la biographie du chanteur, Richard Verreau, chanter plus beau, en 2000 aux Éditions Lescop. Wilfrid Pelletier accompagne le ténor au piano.  

Extrait: “M’appari…tutt’ amor”  Acte 3                                             

Martha  -Friedrich Von Flotow 
Richard Verreau (ténor)
Wilfrid Pelletier (piano)
Enreg. 1954

* Avec l’aimable autorisation du Ministère de la Culture et des Communications du Québec

Disque Wilfrid Pelletier

Liens

Trust pour la préservation de l'audiovisuel du Canada
http://www.avtrust.ca/masterworks/2002/fr_soundrecording_3.htm

Encyclopédie de la musique au Canada
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=Q1ARTQ0002759
 
Fondation Wilfrid-Pelletier
http://www.conservatoire.gouv.qc.ca/fondation-wp/wilfrid-pelletier.html

 

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